GreenHope est une startup inclusive spécialisée dans les technologies agricoles fondée par Frédéric Kiema et Aimé Kaboré en 2014. Les deux co-fondateurs ont développé Yolse, plateforme numérique qui permet aux agriculteurs de planifier leur campagne agricole et évaluer leurs besoins en intrants. Cette plateforme permet aux utilisateurs de souscrire à des prêts et de bénéficier d’un accompagnement technique.
A quel(s) besoin(s) entendez-vous répondre ? Comment est née votre aventure entrepreneuriale ?
Frédéric : Avec mon associé Aimé Kaboré, nous avons fait le constat que les agriculteurs avaient tendance à utiliser des intrants de qualité inférieure ou en quantité insuffisante. Ces mauvaises pratiques baissent leur rentabilité et génèrent des conséquences néfastes sur le climat. Par ailleurs, les agriculteurs ont très peu accès au crédit en raison de leur profil de risque et des taux d’intérêts élevés qui leur sont appliqués.
Face à ces difficultés, nous avons conçu des mécanismes via la plateforme numérique YOLSE qui assurent aux producteurs une professionnalisation et une garantie de remboursement du crédit auprès des institutions financières. Pour cela, nous avons recours au Mobile Money utilisé par 60% de la population Burkinabè qui permet aux agriculteurs de souscrire à des prêts ou d’épargner par le biais de tontines. Nous nous positionnons ainsi en garants des producteurs auprès des institutions financières qui deviennent plus enclines à leur octroyer des prêts. Dans le mécanisme de YOLSE, des services de conseil agricole sont proposés par des ingénieurs agronomes pour promouvoir de bonnes pratiques agricoles et les prémunir contre le risque de variation des prix. Yolse propose d’autres solutions telles que la contractualisation entre agriculteurs et industriels.
Comment avez-vous réussi à familiariser les agriculteurs aux services numériques ?
Frédéric : L’ensemble du mécanisme est basé sur les habitudes et des outils instinctifs notamment des boites à images. Au début, c’était difficile car plusieurs sociétés privées ont « arnaqué » les producteurs devenus réticents aux services numériques. Il a fallu faire nos preuves pour que les producteurs adhèrent à notre plateforme. Nous avons déployé sur le terrain des agents, ressortissants des villages concernés qui sont nos point focaux. Nous nous assurons que cet agent soit une personne ressource qui sera écoutée au sein de village. Nous basons toutes nos activités les habitudes des villageois.
En quoi le programme AFIDBA vous a-t-il aidé ?
AFIDBA nous a permis de passer à l’échelle par le biais de la communication, de la réduction des coûts d’implémentation et d’accès au marché. Avec AFIDBA, nous avons réussi à développer et identifier grâce à un système de scoring deux types de producteurs: ceux qui ont du mal à accéder aux marchés et ceux qui ont besoin d’intrants.
La Fabrique et AFIDBA nous ont également permis de monter des plaidoyers en faveur des entrepreneurs au Burkina Faso grâce aux différentes sessions de rencontres et de partages d’expérience organisées.
Quelles sont vos perspectives de croissance ?
Nous espérons intégrer d’autres partenaires stratégiques dans le processus. Nous venons de décrocher des partenariats pour répliquer la solution dans 6 pays : Sénégal, Bénin, Côte d’Ivoire, etc. L’objectif c’est d’aller au-delà des frontières.
Quels conseils aux autres entrepreneurs ?
La fougue ! Mais au-delà, il faut surtout être au fait des procédures : avoir un prototypage, une approche bottom-up, tester le marché avant de passer à l’échelle. Et surtout « on n’abandonne pas » !
Propos recueillis par Binta Barry
A propos du programme AFIDBA :
AFD for Inclusive & Digital Business in Africa – vise à accompagner l’accélération d’entreprises inclusives et digitales au Maroc, Ghana, Sénégal et Burkina-Faso. Lancé en 2019, AFIDBA a vocation à contribuer au développement économique, durable, numérique et inclusif du continent Africain. Via un réseau d’incubateurs locaux et d’experts internationaux, le programme accompagne et finance le passage à l’échelle de 60 start-ups en 3 ans tout en renforçant leur dimension inclusive.
A propos de la cellule à l’AFD :
En vue de renforcer son impact, le Groupe AFD appuie donc le développement de l’entrepreneuriat social et inclusif, tout en prenant en considération les contraintes et enjeux rencontrés par les acteurs qui le composent. Ainsi, la cellule Entrepreneuriat et Economie Inclusive, au sein du département Transition Economique et Financière promeut et diffuse l’économie inclusive et appuie les écosystèmes entrepreneuriaux ainsi que l’aide au commerce.