NoBox Lab est une entreprise sociale créée en 2017 par Sophia El Bahja et Walid Machrouh afin d’offrir aux enfants marocains un accès à des contenus éducatifs innovants via le numérique. Sophia et Walid ont développé une interface web/mobile qui combine jeux et vidéos éducatives favorisant l’acquisition de compétences éducatives et personnelles pour les 6-14 ans par l’intelligence artificielle.
Rencontre avec Sophia El Bahja et Walid Machrouh, fondateurs de NoBox Lab, soutenus par le programme AFIDBA
AFD : Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans l’aventure entrepreneuriale ?
Sophia : Quand nous réalisions nos études à la Faculté des Sciences et Techniques de Tanger, nous avons intégré le Club Enactus, une communauté d’étudiants et de leaders qui s’engagent à utiliser l’entrepreneuriat pour améliorer les vies et façonner un monde plus durable. C’est dans le cadre de ce programme que nous avons créé NoBox Lab, pour assurer l’accès de tous les enfants à une éducation de qualité via le digital.
Walid : On a commencé de rien. On était un groupe d’étudiants désireux de travailler sur ce projet pour impacter la vie des autres et accompagner le développement des enfants. Notre objectif étant qu’ils puissent acquérir des « compétences de vie » telles que l’innovation et la prise d’engagement social en plus des compétences éducatives de base. On a donc créé une plateforme qui combine jeux sur mobile, vidéos éducatives et intelligence artificielle afin de favoriser l’acquisition de compétences et le développement personnel des jeunes entre 6 à 14 ans. On a réussi à tester notre pilote au sein d’une école et ce fut un vrai succès. Aujourd’hui, nos 3 activités principales sont : 1) la création de vidéos éducatives par des enfants et pour des enfants, 2) un laboratoire créatif où on travaille sur la liberté d’expression des jeunes et 3) un laboratoire d’innovation qui accompagne plusieurs universités.
Comment avez-vous réussi à créer un modèle économique rentable ?
Walid : Tout d’abord on a commencé par organiser des activités et des ateliers payants sur des thématiques telles que la robotique, le codage et la programmation, l’environnement et l’expérimentation chimique. Nous avons ensuite collaboré avec plusieurs écoles, organismes et associations, ce qui nous a permis de générer un chiffre d’affaires. Après, nous avons réinvesti ce profit dans l’entreprise notamment pour financer l’innovation et le contenu digital. Aujourd’hui, la plateforme e-tech que nous avons développée fonctionne avec un modèle freemium : une partie accessible gratuitement et une partie accessible uniquement sous un modèle payant. Nous organisons toujours divers ateliers créatifs et des programmes continus pour nos abonnés.
En quoi le programme AFIDBA vous a aidé ?
Walid : AFIDBA nous a permis de renforcer la dimension digitale de notre start-up. Les séances avec un coach expert nous ont permis de créer un ciblage plus efficace et une stratégie de communication digitale plus robuste. Le financement que nous avons obtenu nous a aidé à surmonter la crise liée à la COVID-19 en nous assurant la sécurité nécessaire pour rester concentrés sur l’innovation. L’aspect networking a également été très important. Nous avons bénéficié de conseils, d’assistance technique et connaître les bonnes pratiques du secteur.
Sophia : AFIDBA nous a également permis de renforcer la dimension inclusive de notre projet. Nous avons appris sur les enjeux liés à l’intégration des populations les plus défavorisées (dites BoP : base of the pyramid) et comment les intégrer dans notre business model. Nous avons réalisé des ateliers à petite échelle pour mieux définir notre stratégie d’impact. Grâce à ça nous avons compris que pour toucher les populations les plus vulnérables il nous fallait aussi changer d’échelle et créer un contenu qui puisse être répandu sur tout le Maroc et d’autres régions d’Afrique.
Quelles sont vos perspectives de croissance ?
Walid : Maintenant nous voulons créer des vidéos capsules éducatives en dialecte arabe marocain simplifiée, afin d’avoir un impact sur plusieurs régions du Maroc et du Maghreb. Cependant, la partie digitale est toujours un enjeu crucial car beaucoup de personnes ne savent pas utiliser ces outils, ou alors, n’ont pas de connexion à internet.
Sophia : Nous envisageons de collaborer avec des associations qui puissent nous aider à toucher un plus grand nombre de populations défavorisées. Il faut être conscients que le digital va intégrer nos vies quotidiennes et que nous devons en même temps lutter contre la fracture numérique. La crise sanitaire a permis d’accélérer le côté digital de l’éducation. Il faut maintenant continuer sur cette voie et créer un écosystème d’inspiration. Dans ce sens, nous espérons que NoBox Lab sera une entreprise de référence dans la région MENA.
Propos recueillis par Luz Elena Navarro
A propos du programme AFIDBA : AFD for Inclusive & Digital Business in Africa – vise à accompagner l’accélération d’entreprises inclusives et digitales au Maroc, Ghana, Sénégal et Burkina-Faso. Lancé en 2019, AFIDBA a vocation à contribuer au développement économique, durable, numérique et inclusif du continent Africain. Via un réseau d’incubateurs locaux et d’experts internationaux, le programme accompagne et finance le passage à l’échelle de 60 start-ups en 3 ans tout en renforçant leur dimension inclusive.
A propos de la stratégie Social and Inclusive Business de l’AFD : En 2019, l’AFD a renouvelé son ambition en faveur de l’entrepreneuriat social et inclusif en validant une nouvelle stratégie, dont le but est d’octroyer 1 milliard d’euros d’ici 2023 en faveur du « social and inclusive business » dans les pays en développement.