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Les business angels, ou investisseurs providentiels, sont un maillon essentiel du financement d’amorçage des start-up. Forts d’une expérience entrepreneuriale couronnée de succès, ils peuvent être un soutien idoine pour les fondateurs de jeunes pousses.

En 2021, 640 start-up technologiques africaines ont levé un total de 5,2 milliards de dollars*. Cette croissance, qui a été presque multipliée par quatre en 2022, fait de l’écosystème digital africain, l’un des plus dynamiques au monde. Les business angels jouent un rôle grandissant dans ces levées, spécifiquement pendant la phase d’amorçage d’un projet, lorsqu’une start-up peine à trouver des fonds pour lancer son activité.

Un écosystème en pleine croissance

Cadre ou chef d’entreprise, actif ou à la retraite, un business angel est un investisseur providentiel qui donne son temps, son carnet d’adresse et son patrimoine financier pour soutenir des start-up. Pour optimiser leur impact, certains business angels font le choix de se regrouper en club, géographiques ou thématiques. Ce qui les réunit c’est la volonté commune de voir émerger leurs protégés.

L’écosystème africain des business angels s’est structuré en quelques années, nourri par les exemples des clubs européens et américains. Sur ce modèle, les clubs du continent ont intégré les spécificités de leurs cadres légaux, et adapté le modèle d’affaires aux réalités et fonctionnement locaux.

A ce jour, African Business Angels Network (ABAN) recense plus de 60 clubs dans 40 pays du continent et sa diaspora. Sur les trois dernières années, le ticket moyen a été multiplié par 5, atteignant cinq mille dollars par business angel.

Les angels sont passés d’une thèse d’investissement indépendante du secteur à une approche beaucoup plus spécialisée et à une ouverture à des activités autres que la fintech ; telles que l’agriculture intelligente face au climat, le commerce numérique et les technologies propres”, explique Fadilah Tchoumba, secrétaire générale de ABAN.

Financer et mentorer les start-up

Au Nigeria, Uche Aniche dirige South-south south East Angel Network, une plateforme qui permet aux professionnels et entrepreneurs expérimentés de se regrouper pour encadrer, accompagner et investir dans des start-up. Il ambitionne également d’attirer les investisseurs de la capital Lagos ou de la ville d’Abuja vers des zones plus rurales. Une manière de lutter contre la centralisation du capital dans les grandes villes africaines. Aujourd’hui, SSE Angel Network opère dans onze états du Nigéria.

Pour Uche Aniche, “le rôle des clubs d’investisseurs est crucial dans le développement des start-up africaines. Alors que les banques africaines sont souvent réticentes à débloquer des fonds pour les entrepreneurs, les business angels leur permettent d’obtenir des financements, d’élargir leurs compétences en phase d’amorçage et de se développer.

SSE Angel Network offre aux jeunes pousses un accès au marché. Le club n’investit pas directement – seuls les membres peuvent le faire. Ils offrent des financements, généralement après les premières recettes de la start-up, et du mentorat.

Catalytic Africa, une plateforme de co-investissement

ANB (voir encadré) et SSE Angel Network sont deux clubs de business angels qui ont participé au pilote de la plateforme Catalytic Africa créé par African Business Angels Network (ABAN) et Afrilabs, avec le soutien du groupe Agence française de développement dans le cadre du fonds d’amorçage by digital africa.

Catalytic Africa est un fonds de co-investissement qui soutient les participations de business angels en les multipliant par deux ou trois selon les cas, grâce à des fonds institutionnels. La plateforme a démarré ses opérations en 2022 et a conclu des transactions dans 10 pays au cours de la dernière année pour près de 500 000 dollars.

Il y a trois parties prenantes dans chaque transaction sur Catalytic Africa. Tout d’abord la start-up qui cherche un financement pour poursuivre sa croissance et son expansion. Puis le hub d’innovation qui accompagne la start-up tout au long de son développement. Et enfin le club de business angels qui fournit un financement, un mentorat et des conseils à la start-up. C’est avec cette philosophie que nous avons construit le modèle Catalytic Africa pour qu’il soit englobant”, a indiqué Fadilah Tchoumba, secrétaire général de l’ABAN.

L’un des principaux défis est celui des ressources financières. Le maintien des opérations de ces clubs ne peut pas dépendre uniquement des frais d’adhésion. Les 2,5% de l’investissement de contrepartie accordés aux clubs par Catalytic Africa sur chaque transaction sont vraiment loin de résoudre le problème des ressources, cependant, c’est un point de départ.” conclut-elle.

 

Focus sur les femmes entrepreneures

Angel Network Botswana (ANB) est un club de business angel créé en 2020. Son ambition : investir en capital, construire un réseau et assurer un mentorat en investissant dans la formation et le suivi de start-up.En prenant la direction des investissements d’ANB, Myrthi Sambasivan-George avait à coeur de lutter contre les inégalités de genre qui existent en Afrique dans le secteur entrepreneurial. “Nous soutenons particulièrement les femmes. Depuis la pandémie de Covid, les discriminations de genre se sont accrues auprès des banques et des investisseurs. Nous sommes fiers d’encourager leurs candidatures sur notre plateforme et faire une différence positive”, déclare-t-elle.

ANB a été notre premier investisseur en 2021”, se souvient Sethebe Manake, fondatrice de Go Smart Value au Botswana, financée et accompagnée par ANB. “Ce club de business angels a non seulement investi du capital dans notre entreprise, mais l’un de ces membres est devenu notre mentor et nous assure un accompagnement en nous aidant à mieux structurer notre entreprise. C’est à dire redéfinir notre modèle d’affaires et déterminer les places que nous voulons occuper à long terme”.

 

*Partech Africa report 2022